Minimas sur marathon aux championnats du monde d'athlétisme 2025 : Un durcissement attendu.
World Athletics a dévoilé les nouveaux minimas exigés pour une qualification directe au marathon des championnats du monde d'athlétisme à Tokyo en 2025. On vous explique tout sur cette annonce !
ARTICLE
Mathis LENAS
3/30/20244 min read


Crédit photo : Carmen Mandato
Contexte :
World Athletics a dévoilé publiquement les nouveaux minimas chronométriques exigés pour décrocher une qualification au Championnat du Monde 2025 à Tokyo sur la distance du marathon.
Comme nous pouvions nous y attendre, les exigences ont été radicalement revues à la hausse.
Jusqu'à présent, les femmes devaient courir le marathon en 2h26min50 (3’28/km) et les hommes en 2h08min10 (3’02/km).
Suite à la réévaluation, les nouveaux minimas sont fixés à 2h23min30 (soit -3min20 et 3’24/km) pour les femmes, et 2h06min30 (soit -1min40 et 2’59/km) pour les hommes.
Comment fonctionne le système de qualification aux championnats du monde ?
World Athletics a instauré il y a quelques années un système de qualification aux grands événements mondiaux reposant sur deux voies de qualification : la qualification au temps, et la qualification au ranking.
Des minimas extrêmement difficiles à réaliser sont imposés pour que maximum 50% des places soient assurées par qualification directe. Techniquement, ces minimas sont tellement durs qu'il y a moins d'athlètes capables de les réaliser qu'il n'y a de places sur la compétition. Cela dans le but d'assurer des performances dignes du plus haut niveau.
Ensuite, pour compléter les places, sont qualifiés les athlètes suffisamment bien classés au ranking mondial. De manière très simpliste, plus un coureur réalise de bonnes performances moyennes, plus son world ranking sera bon.
Pourquoi World Athletics a-t-elle introduit cette seconde voie de qualification ?
Prenons un exemple simplifié :
Un coureur A a couru le marathon en 2h05 mais est très « irrégulier ». Il a couru ses 4 derniers marathons en 2h05 (minimas en poche), 2h12, 2h10 et 2h09. Soit une moyenne de 2h09min00.
Un coureur B a quant à lui couru le marathon en 2h07, 2h08, 2h07, et 2h09 (minimas non réalisés). Soit une moyenne de 2h07min45.
En gardant à l'esprit la dimension tactique que les championnats ajoutent à une course, la question à se poser est donc : Qui dois-je sélectionner entre le coureur A (meilleure performance mais moins régulier) et le coureur B (moins bonne performance mais plus régulier) ?
L'introduction d'une seconde étape de sélection au ranking récompense la régularité des bons coureurs, malgré la non-réalisation éventuelle des minimas. Ce système permet donc de sélectionner les meilleurs coureurs, tant sur le plan de la performance pure que de la régularité.
Pourquoi ce durcissement du niveau requis sur marathon ?
Ce durcissement était plus que prévisible. En effet, depuis quelques années le niveau en athlétisme a magistralement augmenté. Les records du monde et de zones sont battus avec un rythme effréné, et la densité n'a jamais été aussi élevée.
Le niveau a tellement augmenté sur les distances reines que les minimas fixés n'étaient plus assez exigeants pour garantir un objectif de maximum 50% des athlètes les réalisant.
World Athletics a donc réagi pour s'adapter à une réalité de terrain : les athlètes courent de plus en plus vite, il est donc normal que le niveau attendu soit adapté en conséquence.
Que penser de ce durcissement des minimas ?
Cette question suscite différentes réactions.
D'un côté, il est légitime que World Athletics veuille s'assurer que le niveau requis pour participer aux plus grands événements mondiaux soit en adéquation avec le niveau réel du sport à l'échelle mondiale.
Cependant, cette hausse des critères de qualification risque de réduire la représentativité des nations lors de ces événements majeurs.
Prenons l'exemple du marathon féminin français : aucune marathonienne française ne serait qualifiée pour les championnats du monde avec ces nouveaux critères. Ni par performance directe, ni par le classement, car les meilleures françaises se situent en dehors des critères de qualification.
De nombreux pays pourraient ainsi se retrouver dans cette situation, privant certains athlètes de la chance de représenter leur nation lors de ces compétitions mondiales. La question de la souplesse des critères de qualification pour garantir une représentation plus large des nations se pose alors, même si cela signifie une moindre représentativité du niveau réel du sport.
Entre esprit sportif et recherche de performance, il s'agit d'un débat complexe auquel la rédaction d’On Your Marks ne prendra pas parti.
Un dernier point, mais non des moindres, concerne l'impact de cette hausse des critères sur le dopage. Il est indéniable que le dopage représente un fléau pour notre sport. Derrière chaque cas de dopage se cachent des vies brisées, une éthique sportive bafouée, voire des décès. Quelle que soit son opinion sur la pertinence de ces nouveaux critères, il est à craindre que leur durcissement n'encourage davantage certains athlètes à recourir au dopage.
Et vous, quel est votre avis sur ces nouveaux minimas pour le marathon ?


