Pourquoi la meilleure chaussure de running n’est pas la même pour tout le monde ?
Depuis l’arrivée des chaussures carbone, les marques promettent toujours plus de vitesse et de performance. Mais qu’est-ce qui fait réellement la différence ? Poids, mousse, rigidité… quels critères influencent vraiment la course ? Et pourquoi une chaussure ultra-performante pour un coureur peut être inefficace pour un autre ? On décrypte tout cela dans notre dernier article, avec un protocole de test et des exemples concrets pour comprendre comment choisir la chaussure optimale selon votre profil.
ARTICLE
On Your Marks
3/21/20257 min read


Le monde du running a connu une véritable révolution avec l’apparition des chaussures à plaque carbone. Tout a commencé en 2017 avec Nike et sa fameuse Vaporfly 4%, annoncée comme capable d’économiser 4 % d’énergie sur la course. Très vite, la technologie s’est imposée, et aujourd’hui, toutes les marques possèdent leur modèle « super-shoe ».
Chaque marque vante les mérites de ses modèles, assurant qu’ils sont les plus rapides du marché. Mais sur quelles bases repose cette affirmation ? Qu’est-ce qui fait réellement qu’une chaussure permet de courir plus vite ? Et surtout, quelle est la meilleure chaussure pour vous ? C’est que l’on va voir aujourd’hui dans cet article.


Qu’est-ce qui permet de dire qu’une chaussure fait courir plus vite ?
Il y a quelques années, le choix d’une chaussure se basait principalement sur le confort et le type de foulée (pronateur, supinateur, universel). Aujourd’hui, on parle de mousse ultra-réactive, de plaques carbone et de gains énergétiques mesurables. Mais qu’est-ce qui détermine réellement la performance d’une chaussure ?
1. Les facteurs mécaniques influençant la vitesse
Plusieurs éléments sont analysés pour comprendre pourquoi une chaussure pourrait faire courir plus vite :
Le poids - C’est une règle physique simple : plus une chaussure est légère, moins elle demande d’énergie pour être déplacée. En moyenne, on estime qu’une réduction de 100 g par chaussure améliore l’économie de course de 1 %. C’est pour cela que les chaussures de compétition restent très légères (généralement entre 160 et 220 g). C’est souvent sur ce point que les équipementiers font le plus gros travail.
La rigidité de la semelle - Les plaques carbone sont devenues une norme car elles rendent la chaussure plus rigide et empêchent la flexion du pied. Résultat : moins de perte d’énergie et une meilleure propulsion.
La résilience de la mousse - Les nouvelles mousses utilisées (ZoomX, Lightstrike Pro, FF Blast…) sont capables de stocker et restituer une partie de l’énergie à chaque foulée. Plus une mousse est « rebondissante », plus elle peut améliorer l’économie de course.
L’angle d’attaque et le rocker - La géométrie de la semelle joue aussi un rôle clé. Il semblerait qu’il y ait un lien entre énergie et courbure d’une chaussure. On voit que les marques travaillent aussi ce point avec des chaussures comme celles-ci :
Mais comment mesurer leur impact sur la performance ? Comment quantifier l’impact de chaque paramètres ? En réalité on est pas forcément obligé de le faire. On peut considerer la chaussure dans son ensemble, et mesurer une autre variable plus globale sans forcément rentrer dans le détail, l’économie de course.


2. L’économie de course : le critère scientifique "ultime"
Pour évaluer scientifiquement l’efficacité d’une chaussure, on utilise l’économie de course. Cette mesure correspond à la quantité d’oxygène consommée à une allure donnée. Pour vulgariser Moins on consomme d’oxygène pour une vitesse donnée, plus on est performant.
Par exemple, si un coureur utilise 50 ml d’oxygène par minute par kg de poids corporel à 16 km/h avec une chaussure A, et seulement 48 ml avec une chaussure B, alors la chaussure B est plus efficace. C’est cette métrique qui est utilisée par les marques pour affirmer que leurs chaussures « font courir plus vite ».
Comment est-ce que l’on mesure cette “économie de course” ?
L’économie de course se mesure en laboratoire en analysant la consommation d’oxygène à différentes allures. Un coureur court sur tapis avec un masque relié à un analyseur de gaz, permettant de voir quelle chaussure demande le moins d’énergie pour une même vitesse. Si une paire réduit significativement cette consommation, elle améliore théoriquement la performance


Une seule chaussure pour tous ?
Si l’économie de course est un bon indicateur, elle ne dépend pas uniquement des chaussures. Chaque coureur est unique, et ce qui fonctionne pour l’un peut être inefficace pour un autre. En effet, lorsque l’on court, nous sommes tous différents ! Il y a plusieurs facteurs individuels influençant la performance : Morphologie (poids, taille, longueur des segments), Type de foulée (attaque talon, médio-pied, avant-pied), Capacités physiologiques (endurance, force musculaire, technique de course)
Vu que nous sommes tous différents, il n’y a pas de raisons que la chaussure qui offre la meilleure économie de course soit la même pour tout le monde. Mais alors, comment trouver la meilleure chaussure pour soi ?


Le test idéal (et utopique) pour trouver sa chaussure parfaite
Dans un monde parfait, chaque coureur pourrait tester différentes chaussures dans un laboratoire d’analyse de la performance pour identifier la plus efficace pour lui.
Un protocole possible serait le suivant :
Choisir plusieurs modèles de chaussures (ex : Nike Alphafly, Adidas Adios Pro, Asics Metaspeed).
Courir sur tapis à différentes allures (10 km/h, 14 km/h, 16 km/h, 18 km/h, etc.) pendant 5' par chaussure et par allure.
Mesurer l’économie de course avec chaque modèle grâce à un analyseur de gaz et ce pour chaque allure
Comparer les résultats pour voir quelle chaussure permet d’être le plus efficace à l’allure ciblée.
Un tel test montrerait que la meilleure chaussure dépend à la fois de l’allure et du coureur. On aurait alors une cartographie de l’économie de course en fonction des chaussures et des allures. Bien évidemment c’est un exemple, il faudrait définir ce protocole avec des chercheurs pour s’assurer qu’aucun facteur parasite ne viennent fausser les résultats (la fatigue entre les séries, l’hydratation, etc…). En plus ce genre de test n’est pas accessible au public et serait vraiment couteux.
Prenons un exemple concret (mais fictif !) avec nos deux coureurs fétiches : EK et JI, deux coureurs amateurs qui souhaitent trouver les chaussures qui seront les plus efficaces pour leurs prochaines courses.






Consommations d'O2 en fonction des chaussures et des allures (ml/kg)


Sélection recommandée selon les résultats des tests




En réalisant ce test pour chaque chaussure et chaque allure, on serait donc capable de déterminer pour quelle chaussure la consommation d'oxygène à une vitesse donnée est la plus faible, et donc faire un profilage comme nous venons de le faire pour EK et JI.
Malheureusement ce test a de nombreuses limites que nous allons voir ci-dessous.
Nous avons demandé à EK et JI de venir au laboratoire d'On Your Marks pour passer les tests physiologiques avec le protocole décrit précédemment (5 minutes par allure, avec à chaque fois une allure et une chaussure différente pour effectuer un mapping des possibilités.)
A la fin de chaque session de test, on note la consommation d'O2. Pour une même allure, plus la valeur est faible, plus l'économie de course est grande et donc propice à la performance.
Voici les résultats du test ⬇️
Les limites du test :
Aujourd’hui, les tests réalisés par les marques sont souvent très courts. La plupart des études mesurent l’économie de course sur seulement quelques minutes. Or, une chaussure qui semble performante sur une courte durée peut ne pas l’être sur un marathon. C’est la limite de ce genres de tests tels qu’ils sont réalisés en ce moment. Pour de l’allure 5km et 10km cela peut-être judicieux et pertinent, vu que ce sont des efforts courts. Mais qu’en est-il sur marathon avec un effort de plusieurs heures ? Est-ce que l’économie de course mesurée sur quelques minutes seront encore fiables au bout de 30km ?
Il y a d’autres facteurs à prendre en compte comme :
L’accumulation de fatigue : certaines chaussures sollicitent plus les muscles et deviennent moins efficaces sur la durée.
La stabilité : une chaussure performante sur tapis peut se révéler instable sur route ou avec la fatigue.
Le confort : une chaussure efficace mais inconfortable risque de causer des douleurs et d’entraver la performance.


Imaginons que le test montre que la meilleure chaussure pour vous à l’allure marathon soit très inconfortable et rigide. Est-ce que les sacrifices que l’on serait prêt à faire sur une distance très courte ne deviendraient pas, à l’inverse, un facteur limitant sur de longues distances ?
À notre connaissance, les marques n’ont pas encore réalisé de protocoles solides sur de longues durées pour vérifier ce qui se passe sur de très longues distances. Et on comprend facilement pourquoi : le nombre de participants à mobiliser, le coût d’une telle étude, le temps nécessaire pour réaliser les tests… Mais il serait très intéressant de mener des études sur des durées plus longues afin de repousser les limites de nos connaissances sur les chaussures et le matériel.
Conclusion : La meilleure chaussure, c’est celle qui vous convient
Alors, quelle est la meilleure chaussure de running ? La réponse est simple : il n’en existe pas une, mais plusieurs, selon le coureur et la distance.
Plutôt que de se fier aux discours marketing, l’idéal est de tester plusieurs modèles, d’analyser ses sensations et, si possible, de mesurer son économie de course, même si on sait que c'est très compliqué.
La chaussure parfaite est celle qui vous permet d’être le plus efficace à votre allure cible, tout en restant confortable et adaptée à votre morphologie.
Et vous, comment choisissez-vous vos chaussures ? Avez-vous déjà constaté une vraie différence entre plusieurs modèles ?

